On oppose souvent le monde des grandes entreprises et celui des startups, comme si un modèle valait plus que l’autre et devait le remplacer. Or ces modèles d’entreprise, certes très différents, présentent tous deux leurs avantages et leurs inconvénients. L’idéal serait de parvenir à les réconcilier pour en additionner les forces. Si l’on convient que le principal atout de la grande entreprise est sa robustesse et que celui de la startup est son agilité, quel serait le modèle hybride capable de concilier ces qualités en apparence antinomiques ?
1- L’agilité naturelle de la startup
Ce qui caractérise principalement la jeune entreprise et la distingue de sa grande sœur, c’est la souplesse dont elle fait preuve pour se réinventer, faire évoluer son offre, sa stratégie, changer de cible ou même de modèle économique. Toujours en mouvement, elle ne manque pas une occasion pour tester une hypothèse, explorer une nouvelle piste, challenger l’existant. En fait elle ne se fixe aucune limite, son succès résultant en grande partie de son audace.
Au quotidien, les avantages de cette flexibilité sont considérables pour la startup. Cela lui confère une capacité d’adaptation et une rapidité d’action sans égal. Elle peut ainsi saisir une opportunité en quelques minutes, lancer une nouvelle offre en quelques heures et en récupérer les premiers fruits en seulement quelques jours.
Et quand il lui faut engager les grandes manoeuvres, elle « pivote ». Elle change alors radicalement d’orientation tout en restant sur son axe pour ne pas perdre l’équilibre. Une véritable acrobate !
2- La robustesse structurelle de la grande entreprise
A l’opposé de sa benjamine, la grande entreprise peut se vanter d’être beaucoup plus solide. Fermement ancrée sur sa base, elle dispose de l’expérience et des ressources suffisantes pour faire face aux difficultés et résister s’il le faut aux tempêtes. Son organisation étendue lui confère une grande stabilité qui lui permet de redistribuer facilement les charges en cas de turbulences. Cette résistance structurelle est le résultat de longues années de développement et d’une succession de phases de croissance et de consolidation.
Sur les marchés, cette robustesse se traduit en puissance et permet à la grande entreprise de disposer d’une force de frappe et d’un pouvoir d’influence incontestables. Que son action porte plus spécifiquement sur le plan commercial, marketing, technologique ou industriel, elle est capable de changer la donne et d’entraîner avec elle nombre d’entreprises.
Et une fois lancée, rien ne lui résiste. Grâce à son effet « rouleau compresseur », elle peut tracer son sillon sans se préoccuper des éventuels obstacles qui se mettraient en travers de sa route.
3- Pourquoi rapprocher ces 2 modèles ?
La bonne nouvelle face à ce conflit de générations, c’est que chacun des 2 modèles d’entreprise a autant besoin l’un de l’autre. Si la startup a évidemment intérêt à se consolider, la grande entreprise doit pour sa part, plus que jamais auparavant, gagner en souplesse. Leur rapprochement est d’autant plus inévitable que, dans le cas présent, la principale qualité de l’un répond au principal défaut de l’autre et réciproquement. Pratique 😉
De son côté, la startup manque cruellement de résistance pour affronter sereinement les dangers et péripéties auxquels elle est régulièrement confrontée. Qu’il s’agisse de l’action d’un concurrent, d’une contrainte réglementaire ou tout simplement d’une erreur de recrutement, un rien peut parfois lui coûter la vie. D’ailleurs ce n’est pas par hasard qu’en moyenne 9 startups sur 10 ferment leurs portes avant de fêter leurs 5 ans…
Du côté de la grande entreprise, le besoin d’agilité est tout aussi fort, exacerbé par le rythme effréné des changements qui s’opèrent quotidiennement sur les marchés, impact conjugué de la mondialisation et de la révolution numérique. Chaque jour il lui faut requestionner sa manière de satisfaire les attentes du consommateur, de fidéliser ses clients, de rationaliser ses coûts, d’améliorer sa productivité, d’engager ses collaborateurs et d’attirer de nouveaux talents car sa compétitivité en dépend et la situation peut désormais évoluer vite, très vite !
4- L’entreprise de demain
Pour parvenir à allier les qualités intrinsèques de la grande entreprise et de la startup, l’entreprise doit opérer un changement à la fois organisationnel et culturel.
Au niveau de son organisation, il lui faut tourner le dos au fonctionnement pyramidal à l’ancienne et s’orienter vers un modèle organique décentralisé constitué d’unités opérationnelles autonomes. Ces unités à taille humaine ont l’avantage de rester au contact direct de leur marché ce qui leur permet de mieux anticiper ses changements et de réagir rapidement s’il le faut. À l’image du vol en V des oiseaux migrateurs, elles restent solidairement connectées les unes aux autres et sont capables de changer de direction de manière totalement synchronisée. Et ce qui les réunit et les fédère, c’est un but et des valeurs communes qui font l’identité et la finalité de l’entreprise.
En ce qui concerne sa culture managériale, la transformation à mener est tout aussi importante puisqu’il s’agit d’abandonner le modèle hiérarchique traditionnel dans lequel les collaborateurs sont principalement des exécutants soucieux de respecter des procédures pour passer à celui de l’entreprise libérée où chacun devient pleinement acteur de sa mission. Dans ce cas le collaborateur décide seul de la manière dont il va atteindre ses objectifs et prend librement les initiatives qu’il estime utiles. Quant au manager, plutôt que de contrôler ses collaborateurs, il a désormais pour objectif de relayer la vision de l’entreprise et de créer un maximum de lien entre ses unités opérationnelles pour favoriser les synergies et renforcer sa cohésion.
Au lieu d’être antinomiques, les modèles d’entreprise qui distinguent la startup et la grande entreprise peuvent (et doivent) se compléter. Il semble que les grandes entreprises l’aient compris, on les voit se rapprocher progressivement du monde des startups pour en accompagner certaines ou en intégrer d’autres. Et les startups semblent opérer le même mouvement : elles se concentrent majoritairement sur une cible entreprises en commençant par celles qui ont le plus de moyens, les grandes entreprises bien sûr. Visiblement, le processus d’hybridation est en marche 🙂
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