Après avoir souligné les raisons du retard des entreprises françaises dans le digital, intéressons-nous à ce qui fait au contraire la force de la France dans ce domaine. Notre pays est pleinement engagé dans l’économie numérique : elle représente aujourd’hui 3,7 % de nos emplois, 5,2 % du PIB, 7,9 % de la valeur ajoutée du secteur privé et plus d’1/4 des activités de R&D. Et ce qui est le plus remarquable, c’est que ces chiffres sont en constante progression. Sur un secteur plein d’avenir comme le digital, c’est plutôt une bonne nouvelle ! Alors d’où provient cette dynamique ? Quels sont les atouts de la France qui expliquent notre réussite dans ce secteur ?
Voici les 5 principaux facteurs qui, une fois combinés, donnent toute sa puissance au modèle français :
1- Une éducation et une recherche de haut vol
L’enseignement supérieur français est mondialement reconnu pour sa qualité, notamment dans le domaine scientifique. Que ce soit dans le classement de Shangai, dans celui du Financial Times ou dans l’European Report on Science & Technologies de la Commission Européenne, de nombreux établissements français figurent parmi les 1ères places. On y retrouve bien sûr nos écoles les plus prestigieuses comme Polytechnique, les Ponts et chaussées, les Arts et métiers, Centrale, les Mines, etc mais aussi notre important réseau d’universités qui contribue à la formation des élites scientifiques comme au développement de la recherche.
Cette recherche est également bien représentée que ce soit au travers des grands centres et instituts nationaux répartis sur tout le territoire comme l’INRIA et le CNRS ou par les nombreux laboratoires spécialisés en robotique, en automatisme, en systèmes intelligents,… Rappelons que l’éducation (qui intègre l’enseignement supérieur et la recherche) représente le premier poste de dépenses de l’Etat avec plus de 20% de son budget !
Et cette culture de l’excellence produit des résultats. Il suffit de regarder le palmarès des médailles Fields pour s’en convaincre. La France figure au 2ème rang mondial, juste derrière les Etats-Unis. Faut-il rappeler que les mathématiques occupent une place prépondérante dans le domaine des technologies numériques et que cette position va encore se renforcer avec l’émergence de l’intelligence artificielle et de ses algorithmes ?
De même, les succès industriels, technologiques et scientifiques français dans le domaine de l’espace, des transports, de l’énergie, etc prouvent une fois de plus que la France est une terre d’innovation et de recherche parmi les plus dynamiques au monde. Le classement des pays déposant le plus de brevets en témoigne, la France occupant le 2ème rang européen derrière l’Allemagne.
2- Des infrastructures et des services au top
La qualité des infrastructures qui supportent le digital en France est également l’une des meilleures au monde. Qu’il s’agisse de son réseau haut débit, de son réseau mobile, des datacenters, du cloud, ou de l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de ces infrastructures, l’avance de l’hexagone ne connaît pas d’équivalent en Europe aussi bien en termes de maillage que de capacité.
Au niveau du fixe, le backbone français, héritier pour l’essentiel de l’opérateur historique France Télécom et de son obligation de service public, a été l’un des premiers à développer le haut débit pour tous. C’est maintenant au tour de la fibre optique de s’étendre pour proposer cette fois du très haut débit au plus grand nombre.
Au niveau du mobile, le réseau de 3ème génération couvre aujourd’hui plus de 99% de la population tandis que la 4G gagne du terrain à vitesse grand V comme le montre cette carte :
Au niveau des datacenters enfin, le territoire est maillé d’installations sécurisées et redondées bien au-delà des besoins actuels. L’Etat a même décidé d’investir dans le « Cloud souverain » pour capitaliser sur nos capacités et compétences dans ce domaine.
Au-delà des infrastructures, nous bénéficions également des services parmi les plus performants au monde grâce aux grands groupes français figurant parmi les leaders de leur secteur. Citons à ce titre l’opérateur Orange qui occupe le 8ème rang mondial, la SSII Capgemini qui est à la 6ème place, et enfin l’hébergeur OVH qui se hisse en 4ème position !
3- Un Etat sponsor et soutien
Avec une éducation et une recherche de pointe, des infrastructures et des services numériques ultra performants, l’Etat français ne pouvait rester indifférent à notre potentiel digital. Il est désormais pleinement engagé dans le développement et la promotion du secteur.
Parmi les éléments les plus visibles, l’initiative « French Tech » fait beaucoup parler d’elle. Il faut reconnaître qu’elle participe largement à l’émulation nationale autour du digital. Sa mission consiste à booster le développement des écosystèmes numériques sur tout le territoire. A ce jour, 13 métropoles ont été labellisées. Et ses effets ne s’arrêtent pas à nos frontières, le label est aujourd’hui reconnu dans le monde entier.
Nos plus hauts représentants portent la bonne parole, le 1er ministre Manuel Valls ainsi que le médiatique ministre de l’économie Emmanuel Macron en tête. Ils ont intitulé ce programme « Ambition numérique ». Cette politique est notamment soutenue par Bpifrance, la banque publique d’investissement très impliquée dans le financement de l’innovation. L’agence Business France, dont le but est d’accompagner le développement international des entreprises et de renforcer l’attractivité de la France, participe également au rayonnement mondial de cette véritable dynamique.
Enfin, l’Etat a sponsorisé la mise en place de 5 pôles de compétitivité dédiés exclusivement au digital :
CAP DIGITAL, en Ile-de-France, spécialisé dans la création, l’échange et la distribution de contenus numériques.
- IMAGES ET RESEAUX, en Bretagne et Pays-de-la-Loire, spécialisé dans les réseaux de communication et les nouvelles technologies de l’image.
- MINALOGIC, en Rhône-Alpes, spécialisé dans le développement et la production de services et de produits miniaturisés intelligents pour l’industrie (micro/nanotechnologies, intelligence logicielle).
- SCS (Solutions Communicantes Sécurisées), en Provence-Alpes-Côte d’Azur, spécialisé dans le design et le développement de solutions communicantes sécurisées intégrant la partie matérielle, logicielle et réseau.
- SYSTEMATIC, en Ile-de-France, spécialisé dans les systèmes complexes et le logiciel libre.
4- Un marché national porteur
En plus de tous ces atouts, le marché français est extrêmement favorable au développement de l’économie digitale. Le consommateur français est en effet agile et a vite fait d’adopter les nouveaux usages issus de la révolution numérique. On doit cela à son penchant naturel pour la high-tech mais sans doute plus encore à sa curiosité de vivre de nouvelles expériences.
En 2015, le taux d’équipement des français est déjà très élevé :
- 90% des foyers sont connectés à Internet
- il y a en moyenne plus d’un abonnement mobile par habitant (72 millions au total)
- 58% des français sont équipés de smartphones
- 35% sont équipés d’une tablette
De même, au niveau des usages, l’e-commerce ainsi que les réseaux sociaux connaissent une croissance ultra rapide. D’après la Fevad, le secteur du commerce en ligne a cru de presque 15% en 2015 alors que le commerce traditionnel n’a gagné que 1%. Dans son prolongement, le m-commerce a également enregistré une forte croissance avec +39% des ventes réalisées depuis un smartphone ou une tablette. Du côté des ‘socionautes’ enfin et pour ne citer que le leader en exemple, déjà 2 français sur 3 ont un compte Facebook et ce, tous âges confondus.
5- Une dynamique entrepreneuriale en plein boom
Last but not least, l’atout principal de la France dans le digital est à mettre au crédit du souffle entrepreneurial qui parcourt désormais nos contrées. C’est en effet une véritable effervescence qui agite le pays. Jamais il ne s’est créé autant d’entreprises aussi rapidement, plus de 550 000 l’an dernier (source APCE). Nombre d’entre elles sont issues du numérique ou, tout du moins, profitent des avantages offerts par le digital.
Les raisons de cet engouement sont multiples. Soulignons notamment le changement de mentalité chez les jeunes diplômés qui, de plus en plus, ne rêvent plus de faire carrière dans un grand groupe mais au contraire de voler de leurs propres ailes et de suivre l’exemple des entrepreneurs à succès. Une autre explication plus terre-à-terre cette fois participe aussi de cet élan : avec l’émergence de la e-économie et de ses nouveaux usages, les coûts de vente, de marketing, de communication et de distribution sont maintenant dérisoires ! Créer son entreprise est bien plus simple et nettement moins risqué qu’auparavant.
Cette formidable dynamique est accompagnée par de nombreuses structures, des incubateurs et autres accélérateurs de startups qui fleurissent un peu partout. Les concours de ‘jeunes pousses’ sont également légion et permettent aux plus audacieuses de se faire connaître. Les solutions de financement sont elles aussi bien plus accessibles. Outre les dispositifs de l’Etat évoqués précédemment et les nombreuses associations actives sur tout le territoire, l’entrepreneur peut faire appel aujourd’hui au financement participatif (crowdfunding) ou, pour lever plus d’argent, solliciter les fonds d’investissement privés (business angels et capital-risqueurs). Ces derniers ont d’ailleurs battu un record en 2015 en investissant plus d’1 milliard d’euros dans nos startups rien qu’au 2nd semestre !
Enfin, soulignons l’aide remarquable de certaines organisations comme TheFamily qui forment, accompagnent et financent des entrepreneurs avec une qualité au ‘top niveau’ (spéciale dédicace 😉 ). L’entrepreneur français est décidément gâté.
Les effets de ces nombreux atouts s’observent notamment lors du CES de Las Vegas, le salon mondial de l’électronique, où s’illustre désormais la France en regroupant la 2ème délégation étrangère d’entreprises digitales juste derrière la Chine ! Tout cela fait même dire à John Chambers, le patron du géant Cisco, à l’occasion d’une visite en octobre 2015 : « J’ai l ‘impression de voir la Silicon Valley en France ». Cocorico !
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